Ce qu'il faut savoir sur le rejet par le Japon de l'eau de Fukushima dans l'océan : NPR
Par
Geoff Brumfield
,
Kat Lonsdorf
Les réservoirs de stockage d'eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi sont presque pleins. Philip Fong/AFP via Getty Images masquer la légende
Les réservoirs de stockage d'eau contaminée de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi sont presque pleins.
Au Japon, les travailleurs ont commencé à rejeter dans l'océan Pacifique l'eau radioactive traitée de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. La centrale a été détruite lors d’un tremblement de terre et d’un tsunami massif en 2011, et l’eau s’est accumulée depuis.
Jeudi, le gouvernement chinois a annoncé qu'il suspendait immédiatement les importations de produits aquatiques, comme les fruits de mer, en provenance du Japon.
Une étude réalisée par l'organisme de surveillance nucléaire de l'ONU indique que le rejet aura un impact radiologique négligeable sur les populations et l'environnement, mais certains pays restent préoccupés. Voici ce que fait le gouvernement japonais et pourquoi.
Après le tremblement de terre et le tsunami de Tohoku en 2011, plusieurs réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ont fondu. Pour éviter un nouveau désastre, les ouvriers ont inondé les réacteurs avec de l'eau, et cette eau est rapidement devenue hautement contaminée. La centrale est désormais hors service et les réacteurs ont disparu, mais ils doivent encore être refroidis, c'est pourquoi les eaux usées continuent de s'accumuler. Au cours des années qui ont suivi l'accident, les eaux souterraines se sont également infiltrées dans le site et une partie a également été contaminée.
Traiter toute cette eau radioactive a constitué un énorme défi technique pour le gouvernement japonais. Actuellement, quelque 350 millions de gallons sont stockés dans plus de 1 000 réservoirs sur place, selon les autorités japonaises. Les réservoirs approchent de leur capacité maximale et le site ne peut plus contenir d'eau. Une partie de l'eau doit donc être évacuée, selon le gouvernement.
Le Japon a construit un système élaboré pour filtrer la contamination radioactive de l'eau. Mais certaines formes de rayonnement ne peuvent pas être filtrées. Philip Fong /AFP via Getty Images masquer la légende
Le Japon a construit un système élaboré pour filtrer la contamination radioactive de l'eau. Mais certaines formes de rayonnement ne peuvent pas être filtrées.
Le gouvernement travaille sur un système de filtration complexe qui élimine la plupart des isotopes radioactifs de l'eau. Connu sous le nom d’Advanced Liquid Processing System (ou ALPS, en abrégé), il peut éliminer plusieurs contaminants radioactifs différents de l’eau.
Les autorités ont utilisé ALPS et d'autres systèmes pour éliminer certains des isotopes les plus dangereux, comme le césium 137 et le strontium 90.
Mais il existe un isotope radioactif qu’ils ne peuvent pas filtrer : le tritium. Le tritium est un isotope de l'hydrogène et l'hydrogène fait partie de l'eau elle-même (H20). Il est donc impossible de créer un filtre capable d’éliminer le tritium.
Le plan comporte plusieurs parties. Premièrement, ils vont diluer l’eau avec de l’eau de mer, afin qu’il y ait beaucoup moins de tritium dans chaque goutte. Le gouvernement affirme qu'il ramènera les niveaux de tritium bien en dessous de toutes les limites de sécurité et en dessous du niveau rejeté par certaines centrales nucléaires en activité. Deuxièmement, ils prennent cette eau diluée et la font passer à travers un tunnel sous le fond marin jusqu'à un point au large de la côte de Fukushima, dans l'océan Pacifique. Cela le diluera davantage.
Finalement, ils vont le faire lentement. Il faudra des décennies pour vider tous ces réservoirs.
Les principaux membres du Parti démocrate d'opposition en Corée du Sud tiennent des bougies électriques et une pancarte indiquant "Pas d'eau contaminée par le nucléaire de Fukushima!" lors d'un rassemblement contre le projet du Japon mercredi. D'autres pays du Pacifique sont également inquiets de cette publication. Jung Yeon-Je /AFP via Getty Images masquer la légende